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Les droits de l'homme ont 50 ans |
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En 1997, dans 117 pays, les personnes ont été torturées ou maltraitées. Dans 41 pays, des détenus sont morts après avoir été torturés. Dans 87 pays sont détenus des hommes et des femmes pour délit d'opinion. 40 pays ont procédé à des exécutions... A l'heure où l'on s'apprête à fêter le cinquantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme, le bilan dressé par Amnesty International n'est guère encourageant !
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Les américains ont ouvert la voie...
Si depuis l'antiquité les hommes se sont appliqués à organiser leurs relations sociales selon certaines règles, il faut attendre le 4 juillet 1776 et la Déclaration d'Indépendance américaine pour que soit proclamé pour la première fois que "tous les hommes ont été créés égaux"... ce qui n'empêchera pas les Américains de pratiquer l'esclavage ! Ce principe d'égalité est repris quelques années plus tard en France, dans l'article premier de la Déclaration des Droits de l'Homme : "les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit"... ce qui n'empêchera pas non plus les Français de pratiquer l'esclavage !
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Extraits de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
"Tous les être humains naissent libres et égaux en dignité et en droit... et nul ne sera l'objet d'immixtion arbitraires dans sa vie privée... tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.... devant la persécution toute personne a le droit de chercher asile... toute personne a le droit de participer au progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent... tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression..."

Après la seconde guerre mondiale, le monde découvre l'horreur des camps de concentration

Dessin de prisonnier torturé en Guinée Équatoriale
Pierre Attalah, journaliste Libanais
"C'est une chaîne, vous savez. On leur donne des informations, et ils nous répondent. Ils nous soutiennent et nous sommes fiers quand Amnesty International lance une action. On ne se sent plus seuls dans notre combat".

En Turquie une manifestation étudiante est violemment réprimée par les forces de l'ordre
Salvatore Sagues, enquêteur à Amnesty
"La loi qui protège les violations des droits humains, c'est le silence. (...) Nous notre problème, c'est d'agir le plus vite possible".

Amnesty international dénonce les brutalités policières aux États-Unis
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Naissance des Nations Unies
Après l'échec de la Société des Nations et dès le début de la seconde guerre mondiale, le président des Etats Unis, Franklin D. Roosevelt et le premier ministre Britannique, Winston Churchill, tentent de créer une organisation capable de garantir un monde sans guerre. En juin 1945, 51 pays assistent à la Conférence de San Francisco et rédigent la Charte des Nations Unies, qui aboutit à la création de l'ONU le 24 octobre 1945.
La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
Alors que le monde entier est encore secoué par les atrocités de la seconde guerre mondiale, l'une des premières tâches de l'ONU va consister à rédiger une Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Le travail est confié à René Cassin, un célèbre juriste français, qui s'inspire largement du texte de 1789. Pour la première fois, La DUDH reconnaît à l'ensemble de l'humanité des droits inaliénables, droits civils et politiques, mais aussi économiques et sociaux. Adoptée par l'Assemblée Générale de l'ONU réunie à Paris le 10 décembre 1948, la DUDH a surtout une valeur morale, son application n'est pas obligatoire. Deux pactes internationaux qui, eux, ont valeur d'obligation pour les pays qui les ratifient , sont venus renforcer le texte initial. Le premier, signé en 1966, s'applique aux droits économiques, sociaux et culturels. Le second, signé en 1976, est consacré aux droits civils et politiques. Ces deux textes ont été ratifiés par une centaine de pays.
Les prisonniers oubliés
En 1961, un avocat londonien, Peter Benenson, ému par le sort de deux jeunes portugais condamnés pour délit d'opinion lance, avec quelques amis juristes, une campagne de presse en faveur de six prisonniers politiques. Le 22 juillet 1961, Amnesty international est créée. Dès le départ, l'accent est mis sur la protection internationale des Droits de l'Homme, suivant des principes de stricte impartialité et d'indépendance. Ainsi l'organisation ne sollicite ni n'accepte aucune aide financière des gouvernements. Amnesty a un mandat très précis, exposé dans ses statuts. Elle cherche essentiellement à obtenir :
- La libération de tous les prisonniers d'opinion, à condition qu'ils n'aient pas eu recours à la violence ou préconisé son usage. Nelson Mandela, par exemple, qui avait lancé un célèbre appel à la révolte, n'a jamais fait partie des dossiers d'Amnesty. En effet, l'organisation ne veut pas avoir à juger de la légitimité ou de l'illégitimité de tels actes.
- Un procès équitable dans des délais raisonnables pour les prisonniers politiques.
- L'abolition de la peine de mort, de la torture ou de tout autre traitement cruel, inhumain ou dégradant infligé aux prisonniers.
- La fin des exécutions extra-judiciaires et des disparitions.
Amnesty s'oppose aussi aux exactions commises par les groupes d'opposition, qu'il s'agisse de prise d'otages, d'actes de torture, d'homicides sur la personne de prisonniers ou d'autres homicides arbitraires ou délibérés.
Pour crier "Liberté", écrivez !
Aujourd'hui, l'organisation compte plus d'un million de membres dans plus de 100 pays et territoires. Des sections internationales sont implantées dans 55 pays. Le secrétariat national est située à Londres. Le stylo est l'outil principal utilisé par Amnesty. Chaque membre de l'association rédige chaque mois un certain nombre de lettres aux gouvernements pour aider à la libération de prisonniers d'opinion. Ils tissent aussi des liens privilégiés avec les prisonniers eux-mêmes, toujours par l'échange de courrier. Mais l'organisation est aussi un remarquable outils de lobbying, qui orchestre des campagnes de presse pour dénoncer les pays qui violent les Droits de l'Homme, mais aussi parfois certaines compagnies internationales qui ferment les yeux sur ces actes délictueux par intérêt économique.
Que font les organismes internationaux ?
L'ONU a créé une Commission des Droits de l'Homme, chargée de veiller au respect de ceux-ci. La résolution 1503, votée en 1970, permet d'examiner des plaintes déposées par des particuliers victimes d'acte en contradiction avec les principes énoncés dans la DUDH. L'ONU a aussi mis en place un comité contre la torture, composé d'experts indépendants et chargé d'examiner les plaintes déposées par les victimes de la torture. Enfin l'ONU mène des actions au niveau des gouvernements : ainsi après le vote de la résolution générale sur le droit au logement, le gouvernement philippin a annoncé la création d'un programme de relogement des sans abris et une augmentation de son budget en faveur des programmes de construction. Idem pour le Panama et la République Dominicaine.
Les États-Unis sur la sellette
Si certains pays, certaines dictatures sont réputés pour leurs violations flagrantes des Droits de l'Homme, d'autres plus discrets se font tout de même épingler dans les fameux rapports annuels publiés par Amnesty International. Citons par exemple... la France, pour un certain nombre de brutalités policières et... les Etats Unis, qui ont décidément du mal à considérer que "tous les hommes ont été créés égaux" ! Le 6 octobre dernier, Amnesty a lancé sa première campagne sur la situation des droits humains aux Etats Unis. Elle dénonce les violences auxquelles se livrent les policiers, l'application de la peine de mort, et le fait que les Etats Unis produisent et vendent des armes sans se soucier vraiment de l'usage qu'en feront leurs commanditaires. "Dès aujourd'hui dans le monde entier, plus d'un million de membres d'Amnesty International vont appeler les autorités des Etats Unis à renouveler leur engagement vis à vis des droits humains et à placer la protection de ces droits au cur de la politique intérieure et extérieure des Etats Unis", a déclaré Pierre Sané, secrétaire général d'Amnesty International.
50 ans pour les droits de l'homme, un anniversaire au goût... un peu amer !
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